mercredi 06 mai 2009
Ces adultes qui jouent aux petits soldats
Chez certains, la suppression du service militaire a laissé un vide, que des passionnés comblent en pratiquant l'airsoft. En quête de camaraderie, ils sont nombreux, chaque dimanche, à « jouer à la guéguerre ».
Enfants, ils avaient leurs petits soldats, leurs jeux d'indiens et de cow-boys. Adultes, ils ont désormais l'airsoft.
Équipes de répliques d'armes propulsant des billes par gaz ou air comprimé, ils jouent, entre hommes essentiellement, à la guerre. De même qu'au Japon, où l'interdiction des armes à feu a donné naissance à l'Airsoft après la seconde guerre mondiale, la pratique s'est démocratisée en France avec la suppression du service militaire. Comme un manque, que seul l'Airsoft pouvait combler.
Manque de guerre ? « De camaraderie », corrige Julien Colombard, 33 ans. Vice-président du club quimpérois West Air Soft, militaire retraité devenu gardien d'immeuble, il dirige, ce dimanche-là, les opérations. Le rendez-vous est donné à Pluneret (Morbihan), dans la forêt. Le scénario y est farfelu : il s'agit d'un monde post-apocalyptique, où les forces spéciales doivent déloger les cannibales des bois. D'autres clubs préfèrent dresser de véritables reconstitutions d'actions militaires basées sur des faits historiques.
Les joueurs poussent loin le souci du détail : ils s'équipent dans les surplus militaires, y trouvent des tenues américaines ou françaises, mais aussi des casques, des rangers. Les répliques d'armes aussi sont plus vraies que nature : difficile de différencier les faux M-16 et autres AK-47 de leurs modèles ! « Nous ne sommes pas des paramilitaires, prévient le vice-président. Nous jouons à la guéguerre, ni plus ni moins. Dans les tenues, tout est permis, dans la limite du bon goût ! Si un homme s'habille en Waffen-SS, on le renvoie aussitôt chez lui. »
L'airsoft effraie l'opinion, déjà méfiante vis-à-vis des jeux vidéos et films violents, qui inspirent souvent les scénarios des parties. Un dangereux pas de plus dans le réalisme ? « Au contraire », affirme Tanguy Michelet, 24 ans. Ancien mordu de la console, il a franchi le cap, parce que, dit-il, « c'est une activité physique. On s'amuse dans la nature, entre amis, et on se dépense beaucoup ! » Au Japon, l'airsoft est reconnu comme un sport à part entière. Un affrontement par équipes, au même titre que le football ou le rugby, avec ses codes, ses rituels, sa violence maîtrisée.
Sylvain MORVAN.
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